Charlotte DES LIGNERIS
Charlotte des Ligneris est diplômée, depuis 2008 de la section illustration de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Elle vit et travaille à Nantes. Elle travaille principalement pour l’édition jeunesse, en illustrant des textes qui prennent la forme d’albums, de contes ou de poésies. Avec une amie auteur, elle aime proposer, dans différents lieux, des lectures dessinées. Les crayons de couleur sont ses outils de dessin favoris, ainsi que le collage, les monotypes et la lithographie.
Entretien avec Charlotte des Ligneris, août 2016
C’est votre premier livre chez benjamins media. Comment avez-vous vécu cette première collaboration ?
C’était une collaboration intéressante car nouvelle, et l’histoire, aussi un peu abstraite, m’a tout de suite parlé. J’ai dû orienter mon dessin à la fois vers un plus jeune lectorat, tout en illustrant un texte sans personnage figuratif. Tout Rond étant un rond noir, c’était un petit défi graphique. Même si mon dessin à la base est assez simple, voir naïf, ça m’a demandé d’aller vers un graphisme plus épuré, poétique mais moins ornementé, et c’était
une bonne chose. Je voulais jouer sur la symbolique des formes, plus dépouillées, tout en gardant un esprit coloré, graphique, sensible. Au final, j’ai tenté de conserver un rythme vif et cohérent le long de ces variations de paysages, comme un fil qu’on déroule d’une même bobine.
C’est la première fois également que vous illustrez un livre audio. Est-ce que ça a changé votre façon de travailler ?
Ça m’a beaucoup plu de projeter mes images en les imaginant entrer en résonnance avec des sons et une voix. Cela m’a poussé à coller d’abord de très près avec le texte pour le crayonné, pour faire ensuite se détacher et dialoguer le mieux possible l’image avec le texte qui viendrait s’y poser. Dans Tout Rond, les couleurs sont très importantes, au coeur même du récit.
Comment vous y êtes vous prise pour créer des univers autour de chaque couleur ?
La couleur est la chose la plus intuitive et présente dans mon travail. Mais je me suis appuyée sur le texte car chaque double décrit une nouvelle atmosphère colorée. L’important était de trouver une vibration entre les mots, l’émotion du personnage, et la couleur qui l’entoure ou qu’il ressent, en faisant jouer sensiblement les camaïeux et les contrastes avec les textures, les dégradés, les motifs…
Quelles techniques avez-vous privilégiées ?
J’ai privilégié une technique plus mixte qu’à l’ordinaire. Mais cela ressemble de près à du collage : Des aplats de couleur venant de papiers scannés, et des matières et textures que je fabrique en monotypes, qui font vibrer ou malmènent un peu l’aplat. Du trait à peine visible au crayon, qui amène un peu de dessin, du motif aussi, et puis du montage avec le magique Photoshop. Mais dans la même intention où je collerai différents éléments sur différents plans, plan toujours très frontal.
Vous travaillez habituellement au crayon de couleur, pourtant cette technique semble absente de vos illustrations. Elle ne vous semblait pas adaptée pour l’album ou vous ne l’avait simplement pas envisagée ?
J’essaye d’utiliser une technique parce qu’elle répond bien à l’esprit d’un texte. Nous sommes là dans un parcours un peu abstrait et sensible, fait de formes, de couleurs, de vibrations, de sensations. Le plus logique m’a paru être un jeu graphique d’aplats, de lignes et de motifs, qui enveloppent le personnage de Tout Rond dans chaque nouveau tableau. Avec une certaine plasticité / élasticité dans l’élaboration des images. Donc le crayon, plus figé, se prêtait moins à ce jeu là !
Il y a-t-il eu de gros changements entre vos premiers crayonnés et le livre fini ?
Oui, j’ai mis un peu de temps à trouver la bonne direction, j’ai tâtonné, au début mes crayonnés étaient plus chargés et plus dessinés. L’éditeur m’a guidé dans le bon sens, et dès l’équilibre trouvé, c’est allé vite.
Êtes-vous satisfaite du résultat ?
Je suis contente de voir la forme que ça a prise, le travail a été fluide, il n’y a pas eu trop de négociations entre mon envie et celle de l’éditeur, ni de sueur, ce qui est rare donc précieux ! J’ai hâte de voir le livre en vrai, avec un regard frais.
Il vous arrive d’animer des lectures et des ateliers pour les enfants ? Tout Rond est-il un livre exploitable auprès des enfants ?
Oui j’anime souvent des rencontres et des ateliers dans les classes ou les bibliothèques. J’ai déjà des idées pour celui-ci ! Mais j’anime aussi un duo avec une auteure jeunesse, Coline Pierré, autour d’une lecture-dessinée, sur une histoire crée ensemble pour l’occasion. Cet album pourrait se prêter au jeu...