GIGA PASTA
Tout commence dans une usine. Elle a de grandes cheminées qui crachent de la fumée et beaucoup de tuyaux gris qui font du bruit. Il est bizarre cet endroit, mais on ne le critique pas, car il fabrique des giga pasta !
Enfin un livre audio jeunesse sur l’aliment préféré des enfants ! Giga pasta est un hommage aux pâtes de toutes sortes.
Onglets livre
- Librairie Chantepages, Tulle, 5 novembre : https://www.librairiechantepages.fr/article/23787942/commentaires/#105544
- MéLi-Mélo de livres. https://www.instagram.com/p/DBYb-9XNe7A/
Giga pasta L’entretien avec Léo Righini-Fleur |
Au départ, Giga pasta est un leporello (livre accordéon) autoédité sans texte. C’est aujourd’hui un livre audio en vente en librairies. Comment passe-t-on de l’un à l’autre ?
L’aventure de Giga Pasta est assez originale dans sa conception. Au départ, il s’agissait d’une petite collection d’images mettant en scène un personnage jouant avec des pâtes surdimensionnées que j’avais imprimées en sérigraphie et combinées dans un objet éditorial autoédité que je diffusais sur les réseaux et sur des salons.
Ce petit personnage a tout de suite plu à Rudy Martel, l’éditeur de benjamins media, qui s’est projeté dans cet univers de pâtes géantes. Il a alors proposé de s’emparer du personnage pour lui écrire une histoire que j’ai ensuite illustrée pendant que Rudy réalisait l’audio. Ainsi, de cette collaboration inattendue (je n’avais pas pensé développer ce petit projet), j’ai beaucoup aimé le ping pong entre l’auteur-éditeur et l’illustrateur. La confiance que m’a accordée Rudy pour les images équivalait à la confiance que je lui avais donnée pour s’emparer de mon personnage dans un premier temps.
Tu as rencontré Rudy Martel, l’éditeur de Giga pasta, à la Foire du livre de Bologne en 2023. Comment s’est passée cette rencontre ?
En 2023, je me suis rendu à la Foire du livre de Bologne accompagné par « Un Voyage à Bologne », mis en place par la Charte des auteur·ice·s et illustrateur·ice·s jeunesse. Ce dispositif permet à de jeunes artistes de rencontrer des maisons d’éditions françaises et internationales. C’est dans ce cadre que j’ai rencontré Rudy Martel. Notre discussion s’est très rapidement axée sur la dernière page de mon portfolio, laquelle présentait ce petit objet illustré, déjà intitulé Giga Pasta. À notre retour en France, nous avons très rapidement concrétisé l’envie de travailler ensemble autour de cette histoire de pâtes géantes. Giga Pasta est ainsi l’histoire de cette rencontre en Italie, le pays des pasta !
Tes deux derniers livres - Simone (Albin Michel) et Giga pasta – sont nés à la Foire du livre de Bologne. Est-il important, quand on est jeune illustrateur, illustratrice de voyager pour se faire connaître ?
Ce n’est pas tant le voyage qui est important pour se faire connaître que de sortir de sa zone de confort. Aller vers les autres, dans « la vraie vie », rencontrer les éditeurs et éditrices dans leurs bureaux, se rendre disponible pour les rencontrer sur des salons a toujours été plus bénéfique et intéressant que les centaines de portfolios envoyés par mails à la suite de mes études.
Le travail de création de Giga pasta a duré un peu plus de six mois. C’est long ou c’est court, six mois ?
Dans ma petite carrière d’illustrateur jeunesse, j’ai remarqué que les temps de créations sont très variables. L’illustrateur doit s’adapter au calendrier littéraire de l’éditeur. Avec benjamins media, nous avions planifié un échéancier, adapté à mes autres projets et métiers, qui me permettait de prendre le temps de produire mes images. Ces six mois ont aussi permis de prendre du recul à chaque étape de création (storyboard, croquis, mise en couleur, mise en page, etc.) et de favoriser l’échange avec l’éditeur. Je dirais donc que c’est un projet qui s’est mis en place très rapidement et qui sort seulement un an et demi après la première rencontre entre Rudy Martel et moi.
Parle-nous de la technique utilisée dans Giga pasta. La palette chromatique s’imposait en quelque sorte, mais la technique ?
Pour réaliser les images de Giga Pasta, il était convenu que je conserverais l’esthétique mise en place dans le leporello initial : une ligne noire assez épaisse et des couleurs franches en aplats. Une fois les croquis définis, je traçais ma ligne au Posca, afin d’avoir une ligne claire unifiée. J’ai ensuite appliqué la couleur numériquement en gardant la technique de superposition propre à la sérigraphie.
J’avais donc une gamme de couleurs restreinte que j’appliquais en aplats, parfois en jouant sur les niveaux. Pour finir, j’ai ajouté dans certaines couleurs une texture de peinture pour ajouter un peu de matière et de profondeur aux images.
Tu travailles sur des livres accordéons, sur des albums tout carton, sur des livres audios… Tu es à l’aise avec tous les supports ?
J’adore travailler sous contrainte. Travailler pour la jeunesse et notamment pour les 0-3 ans offre un terrain d’expérimentation immense en tant qu’artiste. J’aime en effet travailler l’objet livre dans sa forme plastique et son utilisation. Un projet de livre débute souvent par une idée de maquette. Avant d’imaginer une histoire, je pense à un principe narratif qui se traduit par un principe de manipulation : une découpe pour voir à travers ou cacher, des tirettes, des onglets, des pliages à rabattre ou soulever, des pop-ups… Et puis, au fur et à mesure de mes recherches et de mes découpages-collages-pliages, je me raconte une histoire qui naît d’une surprise, d’un jeu graphique ou d’un jeu de mots. L’image vient ensuite. Les nombreux allers-retours entre maquette et image affinent les principes mis en place et construisent l’histoire.
Tu as été étudiant à l’école Estienne. Pourquoi cette école plus qu’une autre ? Quelles sont ses spécificités ?
J’ai intégré la formation Illustration à l’école Estienne tout de suite après mon bac STD2A. Cette formation, à l’époque en 2 ans, permet d’aborder différents types de narration, d’application de l’image, de supports éditoriaux. De plus, elle offre aux élèves l’accès au laboratoire d’expérimentation graphique (LEG), un atelier d’impression traditionnel équipé de presses typographiques, de presses de lithographie et de tables de sérigraphie. Cette découverte a été fondatrice dans ma pratique d’illustrateur et de concepteur de livre. J’ai ensuite poursuivi mes études à la HEAR à Strasbourg où j’ai intégré la formation Didactique visuelle, pour développer l’aspect pédagogique et éducatif de mon travail éditorial et illustré.
Quels conseils donnerais-tu à un illustrateur ou une illustratrice qui voudrait percer ?
Se rendre au moins une fois par mois en librairie pour se tenir au courant des actualités, pour manipuler des livres et découvrir de nouveaux talents. Ne pas travailler seul. Bien qu’il s’agisse d’un travail solitaire, je conseille de pratiquer ce métier entouré d’autres créatifs, dans un atelier notamment. Cela m’a permis de garder confiance en moi après les études, de ne pas tomber dans des travers dépréciatifs et d’avoir des retours directs sur ce qu’on fait. De plus, cela est très précieux pour s’encourager mutuellement. Enfin, comme dit plus haut, d’aller à la rencontre d’éditeurs et d’éditrices, d’aller sur des salons de création.