Disparition d'Anne Bustarret, spéclialiste du livre audio
Le 5 février dernier disparaissait Anne Bustarret. Spécialiste du livre audio, elle aimait et soutenait notre démarche. Régine Michel, fondatrice de benjamins media, lui rend hommage aujourd'hui.
"Je garde un souvenir admiratif, reconnaissant et ému pour Anne Bustarret. J’ai aimé lire ses livres, qui ont beaucoup nourri ma réflexion et m’ont toujours inspirée dans mon travail de mise en ondes pour Benjamins Media. A ma demande, elle m’avait reçue à deux reprises et j’avais pu partager avec elle mes enthousiasmes et aussi mes questionnements autour de cette position si particulière d’une création sonore pensée pour amener des images à l’oreille d’enfants qui , pour certains, n’avaient jamais vu. Cette réflexion ne lui était pas étrangère. C’était une femme ouverte et curieuse. Anne a toujours accordé beaucoup d’intérêt et d’encouragements aux travaux de Benjamins Media. Elle était droite, généreuse et sans complaisance. Ses critiques n’en revêtaient que plus de valeur. Pour Benjamins Media, l’année des terribles grèves des transports à Paris, fin 95, bien éprouvantes pour les Parisiens qui circulaient en ville avec des masques, elle nous avait, malgré sa fatigue, honorés de sa venue à travers une belle intervention qu’elle avait faite pour notre journée d’étude à Montpellier, sur le thème de l’écoute du jeune enfant; il y avait aussi Marie-Hélène Delval, sur le thème lire avant de savoir lire, ainsi que Bertrand Verine, qui avait fait une intervention nommée Au doigt et à l’ouïe (allusion à Louis Braille). Le but était de faire connaître plus largement le travail de Benjamins Media, la spécificité du rapport des enfants aveugles aux premières lectures, et l’enrichissement que pouvaient trouver tous les enfants à l’ écoute fine d’un document sonore.
Je repense aussi à ce superbe coffret de cassettes qu’Anne avait réalisé et qui a eu pour titre Enfants d’Europe. C’était tout à fait précurseur au moment où elle l’a fait. Je me rappelle d’une petite fille d’amis de notre entourage, une petite Marthe de 5 ans, qui s’était familiarisée à toutes ces chansons et qui avait chanté l’une d’elles à un maçon espagnol venu construire un muret dans le jardin de ses parents. Il avait été très surpris et très ému de retrouver dans ces circonstances inattendues une chanson qui avait bercé son enfance. Voilà qui confirmait la belle intuition du projet…Alors, merci Anne pour tous ces ferments de partage et de création, merci pour nous et merci pour les enfants !
Régine Michel Stevens
Au-revoir madame !"